La Démocratie et L’épilepsie

Passée la sidération liée à l'annonce de la dissolution de l'Assemblée Nationale, vient désormais la question de la survie du modèle démocratique français face à une extrême droite peu encline au débat et peu portée sur les libertés fondamentales.

Mais in fine, assiste-ton à l'agonie d'un modèle ou à une crise de régime? Irresponsable ! Irréfléchie ! Impulsive ! Autant d'adjectifs qui tentent encore de qualifier la décision du Président Macron de dissoudre l'Assemblée Nationale et de convoquer des élections législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet prochains. Pour autant, cette décision, qui marquera certainement l'Histoire de la Cinquième République, appartient désormais au passé et il convient dès maintenant de se poser la seule question qui vaille : Notre démocratie y survivra-t-elle ?


Il y a Majorité et Majorité

Le ton tout comme la rhétorique de cette question se veulent délibérément alarmiste, voire catastrophiste, mais l'un et l'autre par leur excès permettent aussi de relativiser la situation dans laquelle le pays a été plongée. Naturellement, notre démocratie survivra a cette décision à condition que le choix qui sera opéré par la majorité des électeurs soit celui de la survie et non de l'enterrement de notre mode de fonctionnement.

Atmosphère Politique

Clairement, convoquer des élections législatives anticipées sous la Cinquième République n'est en rien un crime anti-constitutionnel puisque la possibilité de s'y résoudre est prévue par les textes fondateurs de 1958. En revanche, ce qui est peut être discuté c'est l'atmosphère politique dans laquelle ces élections sont amenées à se dérouler.


Pandore et le Cynisme

Et il est évident que depuis l'épisode du confinement, le pays sombre doucement mais sûrement dans une forme de flottement général qui interroge sur l'action de l'exécutif. La nature ayant horreur du vide, les forces profondes, si chères à l'historien Pierre Renouvin, ont repris le dessus pour exposer les vils instincts d'une frange de la population pris dans l'étau de l'ignorance et de la victimisation mais pas seulement non plus.

La montée en puissance des extrêmes, qu'il conviendrait aussi de ne pas associer dans un dessein commun car les thèses défendues par l'extrême droite ne sont pas compatibles avec celles défendues par la France Insoumise, est le fruit d'une déréliction, ou ressentie comme telle, par des électeurs pour beaucoup lassés d'une existence terne défaite de toute ambitions de progression sociale.

C'est donc dans ce contexte de défiance, d'individualisme et de xénophobie assumés pour certains que vont se tenir des élections à haut risques qui sans mettre en péril notre démocratie pourrait toutefois l'abîmer dans ses fondements et dans ses ambitions, à savoir assurer à tous des libertés fondamentales considérées comme inaliénables. Autre question qui se pose aussi à quelques jours des élections : n'y a-t-il dans l'Hexagone que des démocrates ?


Cnews ou l’infor de Son Temps

Enjeu Binaire

Il n'est pas inopportun de s'interroger sur cette idée car, in fine, certains voient dans ce scrutin, cette expression démocratique par le vote, le moyen de priver plusieurs strates de la population de leurs droits fondamentaux tel que le droit du sol, acquis depuis la Révolution Française.

Ce qui reviendrait à résumer la consultation électorale à venir à un enjeu binaire, à savoir une opposition entre pro-démocratie et anti-démocratie. Jugé par l'extrême droite comme trop laxiste et passif, le modèle démocratique français serait donc pour cette dernière à reprendre. Pour autant, les décisions prônées par le Rassemblement National, et que celui-ci pourrait potentiellement être amené à prendre, se heurteraient rapidement aux impératifs de la Constitution garante des libertés individuelles.

Que penser alors de cette épisode politique et constitutionnel ? Pourquoi ne pas le qualifier, avec toute la prudence qui s'impose, de crise de régime dans un environnement politique mondial où les extrêmes droites européennes ou autres connaissent un regain d'intérêt ?

Effet cyclique ou de temps long, il est encore trop tôt pour le dire, les historiens sauront le qualifier, mais il est certain que la Cinquième République est aujourd'hui confrontée à des spasmes violents tel un épileptique. Or, l'épilepsie se soigne...


Rafah, Suite et Fin

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

Haute Tease