Rafah, Suite et Fin
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- Category: France A&E, Lifestyle, Culture
- Published on Thursday, 30 May 2024 06:20
- Written by Olivier Longhi
Au lendemain du bombardement d’un camp de déplacés palestiniens par l’armée israélienne, les questions sur la pertinence stratégique de l’opération militaire se posent notamment au regard de buts et d’objectifs de guerre qui perdent peu à peu de clarté.
« Erreur tragique », ainsi qualifiée par Benyamin Netanyahou, ou pas, le bombardement du camp de Barkasat, à Rafah, s’est soldé par la mort de 45 personnes et plus de 240 blessés. Désormais, une seule question se pose, à savoir, jusqu’où ira le Premier Ministre israélien dans sa guerre contre le Hamas.
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Car faire la guerre à des terroristes est une chose compréhensible et audible d’un point de vue militaire et stratégique mais bombarder un camp de civils où vivent femmes, enfants, vieillards et autres personnes vulnérables a peu de légitimité, pour ne pas dire aucune.
Tancés par la Cour Pénale internationale de cesser l’offensive militaire, l’État hébreu et son Premier ministre se retrouvent pris dans une nasse diplomatique et politique dont il va être difficile de s’extraire. Certes soutenu par les Etats-Unis, allié inconditionnel d’Israël, mais qui sait pour combien de temps encore, Benyamin Netanyahou voit sa marge de manœuvre se réduire au fil des jours.
Jusque-boutisme
A l’origine, vu comme une victime du terrorisme aveugle du Hamas, Israël endosse désormais l’habit de bourreau, l’opinion internationale jugeant, et avec elle la CPI, la réponse militaire disproportionnée contre les Palestiniens, injuste au regard des victimes civiles que l’offensive sensée rétablir la sécurité d’Israël engendre.
Tensions Pacifiques
Et le bombardement du camp de Barkasat, même fruit d’une erreur militaire, ne vient qu’aggraver la situation d’un pays et d’un homme qui s’approchent dangereusement l’un et l’autre de la frontière de l’incompréhension de tous. Le jusque-boutisme de Benyamin Netanyahou, pris en étau par une fragile alliance à la Knesset dont dépend son avenir politique, la montée de la contestation pro-palestinienne dans les universités notamment nordaméricaine, la reconnaissance de l’État palestinien par plusieurs pays européens contribuent, entre autre, à isole une nation et un homme dont les buts de guerre se délitent un peu plus chaque jour dans une offensive en perte et en quête de sens.
Et s’il est certain que l’opération militaire touchera un jour à sa fin, nul ne sachant dire quand cependant, il est tout aussi certain que la dite opération laissera des traces au sein de la communauté internationale qui ne verra plus nécessairement l’État hébreu sous le même angle tout comme au sein de la société israélienne qui pourrait sortir fracturée de cet épisode.
Kiev ou Rafah
Deux Etats, une paix
Si aujourd’hui la conduite de l’opération militaire tient plus par la volonté absolue de Benyamin Netanyahou de réduire le Hamas en cendres, occultant par ailleurs le fait que tout mouvement terroriste est capable de se régénérer dans le temps en dépit de sa destruction temporaire, que par des objectifs de guerre stratégiquement et militairement clairs, il n’est pas interdit de se s’interroger sur l’après-guerre mais aussi l’après-Netanyahou.
La solution à deux Etats, combattue par l’actuel Premier Ministre, redeviendra naturellement un enjeu et une question essentielle pour assurer la paix d’Israël mais aussi l’avenir d’un Etat palestinien. Pour autant, si la solution diplomatique existe (deux Etats, deux peuples, une paix commune), celle-ci ne semble pas à ce jour le moteur de l’offensive israélienne qui tient plus de la vendetta que d’une stratégie à visée pacificatrice.
Pari risqué à Tel Aviv
Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d’expérience, il est actuellement professeur d’histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.