Pari risqué à Tel Aviv

Convaincu de la nécessité de poursuivre les hostilités contre le Hamas dans la Bande de Gaza, et ce en dépit d’un espoir de trêve, Benyamin Netanyahou donne aujourd’hui le sentiment de mener plus une guerre personnelle dont dépend sa survie politique qu’une offensive à visée purement défensive.

S’il y avait dans l’entêtement de Benyamin Netanyahou ne serait-ce qu’une once de pertinence tactique et militaire, l’offensive terrestre que s’apprête à lancer le Premier ministre israélien pourrait, à la rigueur, être comprise sans pour autant recueillir tous les suffrages lui donnant quitus.


Si les Étudiants s’en Mêlent

Alors quelles raisons Benyamin Netanyahou poussent à entreprendre cette action militaire, seul contre tous, les Etats-Unis, pourtant soutien inconditionnel de l’État hébreu, ayant émis les plus grandes réserves quant à la nature, l’objet et la rationalité de cette offensive ? La première des raisons, et certainement la principale, est que Benyamin Netanyahou joue son avenir politique via cette guerre devenue une affaire personnelle.

Conscient que les renseignements intérieurs israéliens ont fauté en étant incapables de déceler les signes de l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier, cerné par des affaires de corruption, talonné par les ultra-orthodoxes assurant en partie sa majorité à la Knesset et fervent partisans de la colonisation, Benyamin Netanyahou n’a d’autres choix que de gagner cette guerre qui ressemble plus aujourd’hui à une vendetta, voire à un affrontement personnel, qu’à un conflit sensé assurer la sécurité d’Israël.


Tensions sans fin au Proche-Orient

Rancoeur Croissante

Cette antienne, répétée à l’envi depuis la création de l’État hébreu en 1948, prend toutefois désormais une connotation qui s’éloigne du fil rouge initial qui était d’assurer au peuple israélien, et c’est son droit, une vie paisible et pacifique.

Car outre les bombardements actuels sur la bande de Gaza et le contrôle de Rafah en particulier, cette guerre contre le Hamas, désormais prêt à une trêve à laquelle s’oppose Israël en raison de la détention des otages israéliens par le mouvement terroriste, nourrit parallèlement une rancoeur croissante contre l’État hébreu qui se traduit à l’échelle internationale par la multiplication des actions de contestation notamment dans les universités nordaméricaines sensibles à la cause palestinienne.


Gaza, Martyr et Objet Politique

Dans le même temps, et sans tomber dans un raccourci facile, l’action militaire menée par Israël en territoire gazaoui travaille aussi à la détestation d’Israël au sein de la population actuelle mais aussi de la jeunesse gazaouie. Mais ce conflit, loin d’être terminé, est aussi l’aveu d’impuissance d’Israël face à un mouvement terroriste capable depuis des années désormais de se renouveler de quelques manières que ce soit en dépit du harcèlement d’Israël à son endroit.

La solution militaire, brutale et aveugle, employée par Benyamin Netanyahou risque dans les années à venir, peut-être avant, se révéler une arme à double tranchant suscitant ressentiment et tensions dans le camp palestinien mais aussi incompréhension au sein de la population israélienne consciente que tout déferlement de violence inutile est susceptible d’engendrer des conséquences identiques sur le sol de l’État hébreu. Entre sécurité d’Israël et guerre personnelle, Benyamin Netanyahou a fait de la première le prétexte de la seconde ouvrant la porte à un pari risqué pour lui mais aussi pour l’État hébreu.


Netanyahou, l’hubris et Créon

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d’expérience, il est actuellement professeur d’histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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