Pandore et le Cynisme

La décision d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée Nationale ouvrant la voie à une possible prise du pouvoir par le Rassemblement National peut aussi s'interpréter comme une tactique politique visant à décrédibiliser la formation extrémiste une fois celle-ci aux affaires et débordée par la situation.

Beaucoup, et légitimement par ailleurs, s'interrogent sur les raisons qui ont poussées le Président de la République à dissoudre l'Assemblée Nationale après l'annonce des résultats des élections européennes qui ont confirmé la déroute de la majorité présidentielle.


Cnews ou l’infor de Son Temps

Volonté de rétablir une majorité claire au sein de la représentation nationale, au risque de la voir confiée par les électeurs au Rassemblement National, désir de redonner une forme de souffle à la vie démocratique de la nation après le semi-échec des élections législatives de 2022 ayant suivi la réélection d'Emmanuel Macron, sont autant d'éléments, avec d'autres certainement, à l'origine de la décision du Chef de l'État.

Pourtant, une moins évoquée, voire pas du tout, pourrait émerger dans les jours venir, raison empreinte d'un machiavélisme tout florentin et d'un cynisme qui le serait tout autant et qui consisterait à décrédibiliser le Rassemblement National. Une explication s'impose.

Cynisme et Machiavélisme

Le parti d'extrême-droite qui appelait sans y croire à la dissolution de l'Assemblée Nationale en cas de victoire au scrutin européen a finalement été pris à son propre piège, obligé qu'il est désormais, tout comme les autres formations politiques, de s'organiser en vue d'élections imminentes.


Rafah, Suite et Fin

En prenant à revers le parti de Marine Le Pen, le Président de la République renvoie ainsi ce-dernier à ses responsabilités mais aussi à la possibilité d'exercer le pouvoir et donc la nécessité institutionnelle et politique d'y faire ses preuves. Et c'est là qu'émergerait tout le cynisme de la situation.

En prenant le risque, dès lors calculé, de nommer un Premier Ministre issu des rangs du parti d'extrême-droite, le Président de la République, exposerait celui-ci à tous les affres de la fonction et du pouvoir dans sa forme générale, obligé d'assumer le gouvernement de la France comme l'impose la Constitution et non plus, position facile et dénuée de toute responsabilité, d'aboyer ou de critiquer l'action de ceux amenés à gérer les affaires de l'Etat.

In fine, le pari se résumerait en une logique hautement politicienne, à savoir : laissons l'extrême-droite au pouvoir pour que celle-ci démontre par les actes et dans les faits son incompétence à gérer l'État ainsi que l'inanité de son programme.

Le pari, reconnu par tous comme risqué, aurait donc pour ambition de dicréditer le parti d'extrême-droite débordé par le poids d'un Etat complexe et par des responsabilités qu'il n'a jamais assumé, sauf à l'échelle à locale avec les résultats qui lui sont connus.


Tensions Pacifiques

Boîte de Pandore

Pour autant, le jeu engagé par le Président de la République, qui pose quand même sur le tapis l'avenir d'un pays de 66,6 millions de citoyens, revêt des aspects plus que dangereux car ouvrir la voie à l'extrême-droite, même si l'expérience s'achève piteusement, créé un précédent. A ce jour, alors que les Etats majors politiques se lancent dans de multiples tractations et alliances (y compris le Rassemblement National prouvant ainsi qu'il n'est en rien différent des autres formations politiques alors qu'il se réclame justement d'une différence unique), c'est bien l'avenir du pays qui se joue sur deux tours de scrutin les 30 juin et 7 juillet.

En dissolvant l'Assemblée Nationale, Emmanuel Macron sait pertinemment ouvrir la Boîte de Pandore, conscient que les résultats des élections pourraient soit le conforter par une nouvelle majorité absolue ou très proche de l'être, soit laisser les clefs du pouvoir au Rassemblement National. Le bond dans le vide que représenterait l'arrivée de l'extrême-droite au pouvoir propulserait la France, et pas seulement elle, sur une voie aux contours et au cheminement inconnus. Le risque, immense, a donc été pris par le Président de la République, avec un un résultat à quitte ou double. Et la banque est prête à sauter !


Kiev ou Rafah

 

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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