Kiev Regarde Plus Loin

L'action diplomatique menée par Volodymyr Zelensky en marge du G7 met en évidence une vision du conflit russo-ukrainien et de ses lendemains qui vise à donner à l'Ukraine un rôle autre que celui qu'elle occupait avant la déflagration.

Invité surprise du G7 tenu voilà quelques jours à Hiroshima, au Japon,Volodymyr Zelensky a su faire preuve d'une habilité diplomatique à même d'obliger dans le futur ses partenaires et ses alliés. Ce volontarisme affiché doublé d'une fine opération de communication, d'aucuns parleraient presque d'une forme de soft power ukrainien, s'inscrit dans des orientations militaires bien précises et qui renvoient à la contre-offensive que l'armée ukrainienne prépare pour une date qui n'a pas encore été dévoilée aux alliés.


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Pour autant, officielle ou pas, la dite contre-offensive se doit, et le président ukrainien l'a très bien compris, être réfléchie d'un point de vue militaire mais aussi d'un point de vue diplomatique.

Ambitions et Humiliation

Soucieux de conserver ses alliés et les soutiens que ces derniers lui apportent, notamment d'un point de vue logistique et tout particulièrement après l'annonce officielle des Etats-Unis de livrer ses avions de chasse F-16, Volodymyr Zelensky a conscience du fait qu'en cas de revers militaire lors de la contre-offensive, les alliés occidentaux seraient potentiellement pris d'une forme de lassitude à l'endroit de la cause ukrainienne au risque de voir les si précieux soutiens s'effriter un à un.


Les Loups et la Survie

Ainsi, le premier objectif du président ukrainien, tenue de combat revêtue, était de s'assurer de la fidélité des alliés de la première heure, aujourd'hui et demain, en cas de d'échec de la contre-offensive. La tactique de Volodymyr Zelensky est d'autant plus fine que, en recueillant aujourd'hui l'agrément des alliés, il leur sera difficile de se dédier au cas où l'armée ukrainienne échouait dans ses ambitions.

Et quid alors si la contre-offensive réussissait ? Le président ukrainien en sortirait grandit et renforcé tout comme ses alliés, Volodymyr Zelensky se posant alors en chef de file du monde slave auquel il serait malaisé de refuser quoi que ce soit, y compris une adhésion rapide de l'Ukraine dans l'OTAN.


Remonter le Temps

Mais cet objectif, dernier sur la liste des priorités des membres du Traité Atlantique, pourrait bien longtemps y figurer car si libérer l'est de l'Ukraine est un but partagé au sein des membres, humilier la Russie en intégrant l'Ukraine dans l'Organisation atlantique, n'est pas à l'ordre du jour.

Ceci étant, se fiant à l'adage que gouverner c'est prévoir, Volodymyr Zelensky prépare déjà, et à raison, l'après-guerre, d'abord pour le bien de son pays, ensuite et surtout aussi pour assurer sa place dans le nouvel ordre européen qui naîtra au lendemain du conflit.


D’exception à l’Anonymat

Car en cas de victoire de l'Ukraine, celle-ci passerait de nation invisible à carrefour incontournable en Europe de l'Est, devenant un relais géopolitique essentiel au sein d'un continent européen bousculé.

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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