D’exception à l’Anonymat

Rares ont été les Présidents de la République a être aussi impopulaire après un an de mandat. Mais Emmanuel Macron, volontiers présenté comme le pourfendeur de l'ancien monde, ne serait-il pas devenu le bouc-émissaire d'une nation effrayée par les mutations irréversibles qui l'entourent.

Isolé, brocardé, attendu par des concerts de casseroles lors de ses déplacements, son effigie parfois brûlée sur la place publique,….il apparaît à la lecture de tous ces éléments, que le Président de la République Emmanuel Macron traverse certainement à ce jour le plus difficile début de mandat qu'il ait eu à assumer, un an après avoir été réélu.


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Les raisons qui expliquent cette impopularité sont pour beaucoup évidentes et trouvent d'abord leurs racines dans la réforme des retraites qui a repoussé l'âge légal de départ à 64 ans, ensuite dans l'utilisation de l'article 49.3 de la Constitution et ce afin que le texte soit définitivement adopté.

En conséquence, d'aucuns considéreraient que le retrait de la réforme suffirait à apaiser les tensions sociales et permettrait au Président de la République de renouer avec des Français plus que fâchés à son endroit. Pour autant, rien n'est moins sûr car en filigrane émerge une question plus insidieuse qui tendrait à minimiser l'impact de la dite réforme.


En Manque d’Air

Bouc-émissaire et Dépendance

Et si le Président de la République, élu après une campagne présidentielle au cours de laquelle il a expliqué vouloir réformer le système des retraites, s'avérait finalement n'être que le bouc-émissaire d'une nation inconsciemment effrayée par les effets de la globalisation et plus largement par un monde en mutation permanente depuis plus de vingt ans désormais, monde dans lequel elle n'est plus qu'une nation parmi tant d'autres, confrontée à une concurrence économique sauvage et dans laquelle elle a du mal à s'imposer ?


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La question n'est pas neutre et renvoie le pays à sa réalité sociale et économique. Certes la France est vantée, et à raison, pour sa qualité et son art de vivre mais en scrutant avec plus d'attention la position internationale de la France, celle-ci n'apparaît plus que comme une puissance moyenne, incapable d'agir seule dans le dossier ukrainien, plus ou moins arrimée à la politique étrangère des Etats-Unis, économiquement dépendante de grands acteurs tels que la Chine, l'Allemagne, des Etats-Unis et de l'Union européenne.

Toutes ces réalités qui confinent à la concession pousse le pays à épouser une position de suiveur plutôt que d'acteur, obligée de s'adapter plutôt que d'imprimer son propre rythme. Si la réforme des retraites a cristallisé tout le mécontentement que nombre de Français nourrissent à l'endroit du Président de la République, les tensions nées de cette même réforme interrogent des pays voisins, où, à système égal et comparable, l'âge légal de départ (Italie, Royaume-Uni, Espagne,…) a été renvoyé à 67 ans.


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Certes, une analyse plus fine des structures économiques permettrait de pondérer cette comparaison mais l'attachement des Français à un départ à 62 ans ne relèverait-il pas d'un combat propre au roman picaresque où un Don Quichotte improbable viendrait pourfendre les moulins de la réforme voulue par le Président de la République, nul ne peut le contester, mais qui s'inscrit peut-être aussi dans une logique de plus grande envergure qui pousse la France à se mettre au pli de la majorité et non de sa seule exception.

Débat sans fin argueraient d'aucuns mais la réalité s'impose aussi : la France longtemps jugée comme une exception dans le monde en raison de son Histoire (pas toujours glorieuse non plus) est peut-être désormais contrainte de rentrer dans le rang de l'anonymat et de se plier, malgré elle, aux XXIème siècle.

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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