Bucarest, l’épine Européenne

Les résultats du premier tour de l'élection présidentielle roumaine ouvre la voie à la potentielle arrivée d'un candidat d'extrême-droite à la tête de l'État. Mauvaise nouvelle pour une Union européenne à la position bousculée à l'échelle internationale et taraudée en son sein.

La probable arrivée de George Simion, candidat d'extrême droite, à la tête de la Roumanie n'a rien d'anodin et notamment pour l'Union européenne. Plusieurs raisons l'expliquent. Tout d'abord, bien que loin de Bruxelles, Bucarest reste la capitale d'un Etat pivot au sein de la partie orientale de l'Union européenne.


MIFF: Closing Ceremony Arrivals and Winners (Pics)

Frontalière de l'Ukraine et de la Moldavie, pays tampon entre les deux territoires et ô combien sensibles, la Roumanie jouxte aussi la Hongrie, pays aussi en délicatesse avec l'Union européenne. Pour l'heure, naturellement, rien n'est entériné mais si les résultats du premier tour de l'élection présidentielle devaient se confirmer en portant à la tête de l'État George Simion, l'Union européenne abriterait deux pays aux relations compliquées avec Bruxelles. Si la Hongrie de Viktor Orban se révèle clairement hostile aux règles européennes, l'europhilie des plus tièdes de George Simion laisse augurer un avenir chargé de tensions.


Questions sans Réponses

Crise Gouvernementale

Or, à l'heure où la géopolitique mondiale subit un bouleversement d'ampleur en raison de l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, du conflit ukrainien en voie d'enlisement et de l'immobilisme de Vladimir Poutine, l'Union européenne se serait bien passée d'un nouveau caillou dans sa chaussure à même d'affaiblir son unité et son influence à l'échelle internationale.

Tous les yeux sont donc tournés vers Bucarest qui essuie en outre une crise gouvernementale lourde, qui sans menacer sa stabilité, jette le trouble sur ses partenaires européens, interdits et interrogateurs à l'endroit du pays des Carpates et de la Transylvanie. Car s'il était déjà difficile de composer avec la Hongrie, il est à craindre qu'il soit aussi délicat de négocier avec un potentiel gouvernement d'extrême-droite roumain, ou autre d'ailleurs, sans compter le risque de contagion au sein de l'Union.


Indomptable Pékin

L'extrême-droite, aux abois et en croissance dans de nombreux pays de l'Union européenne, verrait dans cette élection, une nouvelle légitimation de ses thèses eurosceptiques, arguant du fait que les questions identitaires sont devenues essentielles et prioritaires dans un ensemble européen prétendument déshumanisé, éloigné des préoccupations des citoyens européens.

Concernant la Roumanie en revanche, il s'agirait plutôt d'une contestation de la répartition des richesses entre villes prospères et ruralité délaissée qui semble être à l'origine de la poussée du candidat d'extrême-droite.

Pour autant, il conviendrait de ne pas sous-estimer la potentielle arrivée de George Simion à la tête de la Roumanie, pays de 19 millions d'habitants, qui reste, malgré tout, un poids lourd d'Europe orientale sur lequel il faudra compter, entre autre, au regard de la crise ukrainienne. 


La Guerre Ou La Paix

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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