La Macronie - On y Est en Plein
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- Category: France A&E, Lifestyle, Culture
- Published on Wednesday, 10 July 2024 12:15
- Written by Olivier Longhi
Les résultats des élections législatives ont confirmé la destructuration du paysage politique national historique tout en scellant les limites d'une présidence sans axe politique défini, alternant entre néo-libéralisme et social-démocratie, l'un et l'autre mal appliqués.
En dissolvant l'Assemblée Nationale le 9 juin dernier, au soir d'un raz de marée qualifié d'historique de l'extrême droite dans les urnes, le président Macron, souhaitant par le nouveau scrutin législatif annoncé pour le 30 juin et le 7 juillet, donner à l'assemblée une majorité plus claire et plus nette, ne pensait pas aboutir au résultat que l'on connaît à ce jour, à savoir une assemblée sans majorité quand la précédente en possédait une relative, certes, mais une majorité.
De L’expression à L’érosion
Désormais trois groupes dominent la chambre basse donnant lieu à une situation peut-être pire que celle qui prévalait jusqu'alors. Dès lors ressortent les éléments de langages connus, tels que la nécessité d'apprendre à pratiquer le compromis politique, à gouverner avec des coalitions plus ou moins volontaires, à instaurer des gouvernements techniques ou à vivre sous la menace d'une motion de censure qui renverserait le Gouvernement.
Partis Historiques
Pourtant, à y regarder de plus près, la composition de la nouvelle assemblée est finalement non seulement le reflet du paysage politique national actuel, composé de trois blocs, mais aussi de ce que l'on pourrait qualifier d'enfant de la macronie.
Concrètement, élu par deux fois sur l'idée du dépassement des partis historiques sans pourtant les pousser à la disparition, Emmanuel Macron avait fait le pari de rassembler sous son nom toutes celles et ceux qui souhaitaient réformer le pays sans abandonner leurs convictions mais en les associant dans une forme de maelstrom politique dont il serait le garant.
La Démocratie et L’épilepsie
En cherchant à déstructurer le paysage politique ancestral articulé autour de la bipolarité droite – gauche, avec un centre plus ou moins identifié, Emmanuel Macron a, volontairement ou involontairement, poussé à la situation qui préside aux destinées de l'Hexagone : trois pôles aux divergences profondes et irréconciliables pour certains, aux plages de coopération rares et étroites pour d'autres.
Le président qui attendait une majorité claire et identifiée, se retrouve aujourd'hui avec une assemblée à l'image de son mandat : sans réelle orientation, sans identité et sans projet de fond apte à accoucher d'une ligne directrice elle aussi identifiée.
Il y a Majorité et Majorité
Absence de Ligne
Entre libéralisme débridé, social-démocratie à refonder et extrémisme de droite exclusif et autarcique, le président de la République devra choisir non pas un camp mais plusieurs. L'exercice était des plus aisés quand il était le seul, accompagné d'une majorité godillot, absolue ou relative, qui votait sans coup férir ou qui s'en remettait au 49.3, à piocher à droite ou à gauche des idées, des projets ou des orientations qu'il souhaitait mettre en œuvre.
Mais cette absence de ligne claire, renvoyée par la dissolution à l'Assemblée comme pour se défaire de la responsabilité régalienne, a fini par se retourner contre un président seul face à une inertie qui a commencé à sérieusement s'exprimer au lendemain de sa réélection.
Et si une leçon devait être tirée de cette épisode c'est bien qu'aucun pays ne peut être gouverné à vu mais au contraire, avec une ligne politique claire, fut-elle clivante, et ce au profit de la démocratie car celle-ci nourrit aussi le débat d'opposition, et non une somme de convictions diverses et variées incapables de constituer un corpus politique valable. Ainsi, les résultats des élections législatives ont certainement sonné le glas du « en même temps » cher à un président qui se voulait au dessus des partis mais qui se révèle finalement être leur otage.
Pandore et le Cynisme
Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.