L’autre Ambassadeur

Si les relations diplomatiques franco-algériennes sont actuellement marquées par des tensions lourdes, la réception par Alger de Rodolphe Saadé, patron de CMA-CGM, ouvre la voie à un potentiel et informel rapprochement des deux Etats. Explications.

Faut-il voir dans la rencontre entre le Président Tebboune et Rodolphe Saadé, patron de CMA-CGM une forme de réchauffement des relations diplomatiques franco-algériennes ? S'il est trop tôt pour le dire, il apparaît cependant qu'Alger a pris la mesure, pour le développement de son économie et de sa branche maritime en particulier, d'une alliance avec le groupe maritime de transport de conteneurs et de fret, alliance qui ne serait que profitable au géant du Maghreb.


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Parallèlement, il est évident que Paris et le Quai d'Orsay, siège de la diplomatie française, scrutent avec attention cette rencontre et les décisions qui pourraient en découler, ces dernières pouvant donner une idée relativement précises de la teneur des relations diplomatiques futures entre les deux pays. Pour autant, affaires et politiques ne sont pas nécessairement appelées à être menées de front, voire ensemble, car les différends qui enveniment les relations entre Paris et Alger à ce jour sont avant tout d'ordre politique plus que commerciaux ou économiques.


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Relations Commerciales

Preuve en est, Alger n'a pas remis en cause les accords portant sur la vente de pétrole et de gaz à la France, accords remontant aux Accords d'Evian signés en mars 1962. Il n'en reste pas moins que le déplacement de Rodolphe Saadé à Alger revêt une dimension politique qui n'aura échappé à personne.

De fait, France et Algérie sont naturellement conscients du poids des relations commerciales qui unissent les deux pays, tout comme du fait que la brouille ne pourra durer éternellement, trop lourdes de conséquences à tous points de vue. Donc, avancer que Rodolphe Saadé se mue en ambassadeur par procuration n'est en rien excessif, le rôle endossé pour la circonstance n'ayant pas d'effets directs ou indirects sur l'objectif central de son voyage : nouer ou signer des contrats de coopération pour son entreprise.

Le nombre d'emplois créés, le développement logistique généré et la densification des réseaux commerciaux entre l'État algérien et l'entreprise française sont à même de susciter un assouplissement des relations actuelles.


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Second Plan

La reconnaissance de l'autorité marocaine sur la Sahara Occidental par Emmanuel Macron au détriment du Front Polisario soutenu par Alger, reconnaissance à l'origine de l'escalade diplomatique entre Alger et Paris pourrait donc progressivement passer au second plan si les initiatives telles que celles menées par celle de Rodophe Saadé se multipliaient via d'autres canaux, comprenez, que d'autres entreprises françaises s'implantent ou développent leur présence sur le sol algérien.

Objectivement, Alger aurait tout à y gagner car le pays, enlisé dans une crise sociale et économique à l'issue lointaine, soumis aux soubresauts des cours du pétrole dont il tire la quasitotalité de ses revenus, (près de 75 % à 95 %) trouverait là un moyen parmi d'autres de diversifier son économie en exploitant l'espace méditerranéen quand Maroc et Tunisie peinent à s'y exprimer.


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Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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