La Diplomatie du Risque

Les déclarations de Donald Trump concernant le Canada, le Groënland et la Bande de Gaza inquiètent autant qu'elles amusent. Mais toutes s'inscrivent dans la volonté d'un homme convaincu que les conséquences potentielles de ses décisions poussent ses alliés, et autres, à respecter et à se méfier des Etats-Unis.

Entre faire du Canada le vingt-et-unième Etat des Etats-Unis, acheter le Groënland au Danemark et transformer la Bande de Gaza en espace de villégiature pour nord-américains fortunés en mal d'orientalisme à bas-coût, le président Donald Trump ne rechigne pas à la surenchère.


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Action de communication ou réelle volonté de mettre en œuvre les projets cités ci-dessus, quoi qu'il en soit, Donald Trump bouscule les règles diplomatiques du multilatéralisme qui prévaut depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et la création de l'Organisation des Nations Unies. Concernant l'annexion du Canada, il est clair que d'aucuns n'y croient. Certes Donald Trump donnerait corps, si il s'exécutait, à une ancienne idée qui avait eu cours au XIXème siècle aux Etats-Unis, et qui était justement celle d'annexer le Canada.


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Valeur Stratégique

Sérieusement, personne, même les Canadiens les plus portés sur les Etats-Unis, n'y songent au regard de toutes les implications qui s'y rattachent. Le constat est le même pour le Groënland. L'acheter certes. Mais à quel prix ?

Le fait que de nombreux navires chinois et russes transitent dans les eaux de ce territoire sous domination danoise, en raison notamment de la fonte de banquise due au réchauffement climatique (alors que le Président Trump se pose paradoxalement en climatosceptique officiel,) ne suffira pas à convaincre Copenhague d'abandonner ce bout de terre glacé qui revêt, preuve en est, une valeur stratégique considérable.

Pour ce qui est de la Bande de Gaza, que Donald Trump veut préalablement évacuer des Gazaouis en direction d'autres pays arabes, ce qui ressemble tout simplement à une forme de nettoyage ethnique qui ne dit pas son nom, sa potentielle mise sous tutelle nord-américaine n'a que pour seul objectif de rassurer l'allié israélien enlisé dans une guerre contre le Hamas et dont personne, en dépit de la trêve, ne voit d'issue durable et pacifique. La présence de forces ou de populations nord-américaines garantiraient à Israël une sécurité indirecte dans la mesure où le Hamas hésiterait probablement à s'attaquer aux intérêts des Etats-Unis une fois ces-derniers implantés. L'essentiel est qu'ils le croient !


Civilisations en Panne

D'une manière générale, il est peu probable que les partenaires ou non des Etats-Unis acceptent que de tels projets se réalisent mais pour le Président Trump la priorité n'est pas là. Celui-ci fait sienne la réflexion de Ronald Reagan qui dans les années quatre-vingt, alerté par son secrétaire d'État aux Affaires étrangères, George Shultz, fut informé que les Soviétiques s'inquiétaient du fait que les Etats-Unis voulaient leur déclarer la guerre.

Ce à quoi, Ronald Reagan avait répondu : « Nous ne leur déclarerons pas la guerre. Mais l'essentiel est qu'ils le croient ! » Dans le même esprit mais beaucoup plus cyniquement, Donald Trump joue ainsi sur la crainte qu'inspirent ses paroles, considérant que celles-ci posent sa stature internationale et que le risque de le voir les appliquer appelle la prudence et l'humilité de ses alliés ou non.

Si les trois idées avancées par Donald Trump relève pour tout individu rationnel de l'improbable, son imprévisibilité et son impulsivité, factice ou non, font entrer les dites idées dans le domaine du possible et donc du risque. In fine, pour s'assurer le respect que Donald Trump croit comme dû aux Etats-Unis, celui-ci attise, par une diplomatie bruyante et agressive les braises de la déstabilisation afin d'apparaître tout à la fois comme le fauteur de trouble et celui par lequel le trouble cesse. Vis pacem, para bellum...


Le Conte et le Procès

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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