D’un Populisme à l’Autre

A l'approche des élections européennes, qui s'annoncent périlleuses pour la majorité présidentielle, Emmanuel Macron, président de la République, et Jordan Bardella, président du Parti nationaliste, ont rivalisé de démagogie et de populisme.

Alors que se profilent des élections européennes (8 et 9 juin 2024) annoncées périlleuses pour la majorité présidentielle, Emmanuel Macron, Président de la République et Jordan Bardella, président du Rassemblement National, ont rivalisé de démagogie et de populisme, dans des styles très différents mais toujours à dessein.


Alexei Navalny, Martyr Sans Echo

Entre la visite d'Emmanuel Macron, mouvementée, au Salon de l'Agriculture le 24 février dernier et celle de Jordan Bardella, plus calme, nombreux furent les observateurs à voir dans ces deux déplacements un combat politique à distance qui trouve son explication dans les prochaines élections européennes. Distancée dans les sondages au profit du Rassemblement National, la majorité présidentielle, à commencer par son premier représentant, a donc décidé d'aller à la rencontre du monde agricole.

Dans un échange frôlant le corps à corps, quasi charnel, en bras de chemise, usant parfois de trivialités destinées à renforcer la proximité du rendez-vous improvisé, Emmanuel Macron, a écouté les agriculteurs venus à sa rencontre, expliqué les décisions prises ou à venir et proposé des solutions. A-t-il convaincu ? Pour l'heure, la question reste sans réponse.


D’Athènes à Mamoudzou

Viril ou Policé

Dès lors que penser de cette rencontre dans lequel le Président de la République s'est montré à l'aise, car l'homme affectionne beaucoup ce type d'exercice, face à un Jordan Bardella, lui aussi dans son élément au milieu d'un monde agricole pour une partie sensible à son discours teinté de nationalisme économique ?

En réalité, que ce soit tant Emmanuel Macron que Jordan Bardella, l'un et l'autre, à leur manière et dans des styles très différents, viril, pour le Président de la République, plus policé pour Jordan Bardella, se sont adonnés à une exercice populiste en règle.

Le premier, entouré dans un périmètre restreint d'agriculteurs attentifs mais exigeants au regard des réponses attendues, tel un tribun de la plèbe, a flatté et tancé sans pour autant condamner son auditoire, de sorte à le mettre devant la réalité économique à laquelle le monde agricole est confrontée sans donner à celui-ci le sentiment d'être abandonné en promettant une révision des normes ou des prix planchers. Démagogie crieront certains, purement politique d'autres.


La Gauche! Quelle Gauche…?!

Attaques Faciles

Promesses tenables ou non, ces dernières ont eu le mérite, à tous le moins, de laisser une marge de manœuvre à l'exécutif tout en renforçant la figure présidentielle d'homme proche et conscient des difficultés d'une des franges de la populations. Dans un autre style, répétons-le plus policé, Jordan Bardella, s'est fendu de déclarations hautes en couleur évoquant une forme de schizophrénie présidentielle au coeur d'un auditoire friand d'attaques finalement assez faciles.


Matignon, à Quitte ou Double

Le président du Rassemblement National s'est donc, comme l'y invite la nature de son parti, délecté à dessein du désarroi et du désespoir d'une partie du monde agricole sans pour autant avancer de réelles solutions faisant fi du fait que certains acteurs de la filière agricole sont, rappelons-le, acculés à la faillite, voire pire.

Deux formes de populisme se sont donc affrontés par procuration lors du Salon de l'agriculture dans ce qui ressemble déjà à une campagne électorale qui ne dit pas encore son nom. Reste à savoir désormais quelle démagogie prendra le pas sur l'autre...

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

Haute Tease