Nouvelle Frontière

Le risque d’enlisement du conflit russo-ukrainien cristallisé dans le Donbass met en évidence l’apparition d’une nouvelle frontière en Europe que l’Ukraine incarne. Loin de se décourager, la Russie poursuit par les armes sa politique de réhabilitation à l’échelle mondiale. Et peu importe les conséquences.

Entre entêtement russe, héroïsme ukrainien, sanctions européennes et interventionnisme nord- américain, le conflit qui secoue l’Europe depuis le 24 février ouvert suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie semble sur le point de s’enliser.


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Tant du point de vue militaire que diplomatique, l’opposition entre le bloc oriental composé de la Russie et de la Biélorussie, et dans une certaine mesure de la Chine, et le bloc occidental composé de l’Union Européenne, de l’OTAN et des Etats- Unis paraît aujourd’hui fixé sur le Donbass, espace stratégique revendiqué par l’une et l’autre partie.

Pourtant, au-delà de l’aspect géographique, ce conflit impose à l’Europe une nouvelle dimension géopolitique qui avait disparu depuis 1989. L’Ukraine est ainsi devenue en quelques semaines la nouvelle frontière entre Europe Occidentale et Europe orientale. Il serait anachronique d’évoquer un nouveau rideau de fer mais il est clair que l’ancienne république soviétique affamée par Staline en 1933, constitue un nouveau point géopolitique qu’il conviendra, le conflit achevé, de surveiller avec attention.

Adhésion et Glacis

Car si Vladimir Poutine finira immanquablement par disparaître un jour, les tensions qui agitent désormais le continent, et en particulier les espaces frontières entre Europe de l’Est et Europe de l’Ouest, seront l’objet de revendications nouvelles nées de la volonté, entre autres, d’adhérer à l’OTAN ou à l’Union Européenne.


Un Pompier à l’Elysée


A ce jour, rien n’indique de surcroît que l’Ukraine restera la seule cible de la Russie car d’autres pays frontaliers ou proches de la Russie (Pays Baltes, Pologne, Finlande, Norvège, Suède,…) peuvent très bien un jour être convoité par Moscou dont les objectifs sont multiples. Tout d’abord, créer un glacis de territoires neutres, si possibles non affiliés à l’OTAN qui lui permettrait de restaurer sans soi-disant sécurité perdue ou mise à mal. Une sorte de no-man’s land pro-russe ou à défaut, non allié à l’Occident.

Deuxième objectif, faible à l’échelle mondiale car dénuée d’une influence politique suffisante pour infléchir sur les décisions globales (une forme de soft power russe), la Russie de Vladimir Poutine souhaite alors peser en Europe en usant de l’arme énergétique, point faibles des nations occidentales pour tenter de retrouver à nouveau son aura politique et diplomatique.

Pax Americana

Dernier point, s’opposer frontalement aux Etats-Unis et mettre à mal la Pax Americana voulue et imposée par les différents gouvernements nord-américains depuis plus de trente ans. Et peu importe si ces objectifs laissent échapper un parfum de Guerre Froide ou mettent à mal les difficiles relations sino-américaines,


L’accélérateur de Particules


Moscou entend à tout prix redevenir une puissance de premier rang. Le pari de Vladimir Poutine est d’ailleurs presque réussi car si l’opération en Ukraine ne répond enrien aux attentes initiales, le même pari est parvenu à replacer la Russie dans le jeu diplomatique mondial jusque-là dominé par l’opposition sino-américaine et les avatars qui en découlent (Influence en zone Indo-pacifique, pression sur Taïwan).

Mais comme tout pari, celui-ci peut s’avérer des plus risqués car lentement affaiblie par les sanctions économiques mondiales à son endroit, progressivement privée des ressources financières véhiculées par la vente de pétrole et de gaz aux Européens, la Russie de Vladimir Poutine prend le risque d’imploser comme ce fut le cas pour l’Union soviétique. Pour l’heure, loin de désarmer, la Russie poursuit son offensive animée de buts visibles de tous sans que s’impose clairement une orientation sur l’avenir duconflit.


Penser L’Après-Guerre


 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d’expérience, il est actuellement professeur d’histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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