La fin de la Récréation a Sonné

Le drame survenu au Lycée Gambetta, à Arras, où un professeur a été tué par un individu radicalisé relance le débat sur la protection des enseignants dans l’exercice de leurs fonctions mais plus encore sur les réformes immédiates à engager afin de réhabiliter une profession dévalorisée, voire méprisée.

Deux heures d’échanges et de discussions, voilà ce que le Ministère de l’Education Nationale a accordé aux enseignants des collèges et lycées quelques jours après la mort de Dominique Bernard, professeur de Lettres, à Arras.


Une Histoire Sans Fin

L’intention, louable et finalement bienvenue, aura permis à la communauté éducative d’opérer une forme de recueillement en mémoire de leurs collègues disparus car il convient aussi d’honorer la mémoire de Samuel Paty, décédé voilà trois ans dans des circonstances aux origines similaires. Mais au-delà de ce temps de parole, se pose clairement la question, à savoir : quelles mesures prendre désormais pour éviter que de tels drames se reproduisent ?

L’Ecole républicaine, visée car elle incarne la lutte du savoir contre l’obscurantisme, se révèle être en première ligne dans une société fragmentée et déboussolée d’où sa porosité aux discours extrémistes et aux actes de violence terroriste.


Otages d’Obligation

Libre-arbitre

Partant de ce constat, il apparaît aussi illusoire de croire que les outils brandis par les enseignants que sont la formation à la citoyenneté, la transmission du savoir et de la connaissance, la construction de l’individu par l’apprentissage du libre-arbitre et de la liberté de pensée suffisent aujourd’hui à parer les coups des individus fanatisés, d’évidence imperméables à un discours nourri de tolérance et de respect de la différence.

Le chantier qui s’annonce pour protéger les enseignants et les principes républicains qu’ils portent se révèle donc immense, et, force est de constater que pour l’heure, hormis deux heures d’échanges, rien de concret n’a été proposé. La réaction de l’institution et de l’État dans son ensemble tardent à venir alors que voilà des décennies qu’enseignants et communauté éducative alertent sur les atteintes multiples à la fonction. Violences verbales et parfois physiques, mépris généralisé, ou en voie de l’être, de la fonction par les élèves et les parents, pour certains du moins.


L’Ecole de Demain

Sans compter les atteintes récurrentes à la laïcité qui se multiplient quasiment à l’envi. Longtemps vu comme un espace épargné par les spasmes de la société, et ce dans une vision idéalisée de l’école, il apparaît que l’Ecole n’est en réalité qu’un microcosme des maux d’une civilisation rongée par l’individualisme, la médiocrité et les flots d’aberrations multiples et variées véhiculées par Internet et les réseaux sociaux.

Place dans la Société

Attaquée dans sa mission pédagogique, l’Ecole est aussi victime des errements d’une société aujourd’hui incapable de faire corps face à des contre-modèles qui appellent à sa destruction. Que faire donc ? Et bien dans un premier temps, peut-être serait-il judicieux de rendre aux enseignants la place qui leur revient dans la société.

A commencer par les reconnaître comme celles et ceux chargés de former les générations à venir en cessant de les percevoir banalement comme les employés d’une officine nommée Education nationale. Ensuite, revaloriser la fonction, pas uniquement du point de vue salarial, mais du point de vue social, sans tomber dans un excès aux effets, par ailleurs dévastateurs.

Autant de pistes de réflexion que le Ministère pourrait concrétiser dans les meilleurs délais car le temps presse. La profession attire de moins en moins et les récents évènements risquent de raréfier les quelques postulants à la fonction. Et ce ne sont pas deux heures supplémentaires d’échanges qui inverseront la tendance ou endigueront les potentiels drames à venir.


Russie - Corée ou l’inutile Rapprochement

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d’expérience, il est actuellement professeur d’histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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