Uber, l’État et des Questions

Le scandale Uber files qui a éclaboussé le Président de la République met en évidence toutes les ambiguïtés des pouvoirs publics et des sociétés face à ces entreprises à l’influence croissante qui interrogent sur la capacité de résistance des Etats.

Ce qu’il est devenu commun de nommer désormais le Uber files, à savoir comment la société nord- américaine est parvenue dans le courant des années 2010 à noyauter et influencer les Etats dans lesquels elle souhaitait s’implanter renvoie à une double réalité entre hésitations, craintes et fascination.


Beltway Insider: Biden/Abortion, Shinzo Abe, COVID/Vaccine Totals, Uvalde Funds Stalled, James Caan

La première teintée d’évidence met en exergue la puissance d’un lobby, qui, dans son rôle cherche, à faire valoir ses intérêts ; la seconde, plus inquiétante, comment un ou plusieurs Etats s’avèrent finalement poreux et perméables à ces mêmes lobbies. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer : appât du gain, manœuvre à dessein politique, volonté d’accroître l’influence du lobby en question...Les motifs sont nombreux mais ne parviennent pas à masquer l’aspect pernicieux de la logique de ceux qui dirigent des lobbies in fine presque aussi puissants, parfois plus, que des Etats souverains.

Reste donc à identifier les relais qui au sein d’une structure administrative sont à même de présenter tous les aspects positifs que revêt l’arrivée d’une entreprise lambda appuyée par un lobby.

Dictionnaire et Méfiance

En France, et depuis quelques jours, c’est le Président de la République lui-même qui est accusé d’avoir favorisé l’implantation de la société Uber en France au détriment, à l’origine, des chauffeurs de taxis, qui dénonçaient alors une concurrence déloyale.


L’UE Plutôt que l’OTAN

Pertinente ou non, cette arrivée a bouleversé le paysage économique français au point qu’aujourd’hui le dictionnaire a fait entrer le terme Ubérisation dans ses pages et que le championnat de France de football de Ligue 1 en a aussi pris le nom, pour être qualifié de Ligue 1 Uber Eats. Passé l’anecdote, le Président de la République qui assume pleinement avoir favorisé l’implantation de la société Uber en France, se heurte aujourd’hui certes à des parlementaires outrés, plus dans une posture politicienne que réellement morale, à une forme de méfiance face au lobbies propre à l’Europe.

En voyageant hors de nos frontières, le poids, le rôle et l’influence des lobbies s’avèrent être non seulement reconnus mais aussi totalement assumés renvoyant l’Europe et ses principes à des convictions que d’aucuns jugeraient dépassées. Outre-Atlantique, les lobbies, nombreux, ne cachent en rien leur puissance et leur aire d’influence.


Ainsi vécu la Pax Europea

Qu’il soit militaro-industriel, pharmaceutique ou colonne vertébrale du transport routier, les lobbies sont connus et acceptés comme des acteurs de la vie économique d’une nation côtoyant et influençant l’État et ses serviteurs sans scrupule.

Géants Polymorphes

L’Europe, a tort ou à raison, retranchée derrière des principes qui lui sont propres et respectables, a toujours eu une attitude très craintive face à ces géants polymorphes, aux ramifications nombreuses et à l’influence souvent forte mais difficilement quantifiable. Est-ce à dire qu’il convient d’avoir face aux lobbies une attitude toujours empreinte de méfiance ?

La question se pose et trouve une réponse partielle, au moins dans l’Hexagone, car en France les lobbies sont autorisés par la loi Sapin 2 qui reste cependant assez floue par certains aspects. Pour autant, la dimension complotiste dont peut parfois s’entourer l’appréhension que l’on peut avoir des lobbies reste, semble-t-il, assez forte.


Une Assemblée de Circonstances

Mal compris dans leurs objectifs et dans leurs pratiques, les lobbies forcent nombre de sociétés et d’État à s’interroger sur leur capacité de résistance face à des groupement d’entreprises liées par une volonté commune : le profit. Et cette volonté est-elle compatible avec la notion d’intérêt général qui anime en théorie chaque puissance publique ? Il appartiendra à chacun de répondre à cette question à l’aune de ses principes.

 

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d’expérience, il est actuellement professeur d’histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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