Un Ballon Qui En Dit Long

Le regain de tensions entre Pékin et Washington, lié à l’affaire du ballon espion, révèle aussi la volonté de Pékin de réintégrer le jeu diplomatique mondial après le fiasco de la gestion de la énième vague de Covid et la résistance passive de Taiwan peu impressionnée par le dragon chinois.

Rocambolesque. C’est certainement le terme qui conviendrait le mieux pour décrire les origines de l’incident diplomatique entre la Chine et les Etats-Unis et qui s’est articulé autour d’un ballon espion naviguant au-dessus du territoire nord-américain. Banale affaire d’espionnage diront certains, et à raison, car il est aussi fort probable que les Etats-Unis espionnent par d’autres biais, ou pas d’ailleurs, la Chine.


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Mais passée au prisme du contexte géopolitique actuel, il apparaît finalement que cette affaire n’a rien d’anodin. Ainsi, alors que l’Europe se débat avec une guerre où chacun, de Kiev à Moscou, compte ses alliés, la Chine de Xi Jinping a peut-être aussi voulu montrer aux Occidentaux et à Washington en particulier que Moscou, tout comme Kiev avait des alliés lourds, équipés et susceptibles d’interférer dans le conflit.

Marginalisation

Plutôt que de s’impliquer par le biais de livraisons d’armes ou l’envoi de soldats sur le sol ukrainien ce qui ne manquerait pas de provoquer une réaction en chaîne à même de générer de potentielles représailles occidentales, la Chine a ainsi mis en évidence les moyens dont elle disposait pour incommoder son meilleur ennemi, à savoir les Etats-Unis, agacés et irrités par la manœuvre plus que par le ballon en tant que tel.


La Retraite et le Futur

Car nul ne sera assez naïf pour penser que ce geste n’était qu’un simple accident, une coïncidence malheureuse ou fortuite, quand ces mêmes Etats-Unis ont renouvelé leur soutien à Kiev à la grande colère de Vladimir Poutine.

Mais la dimension ukrainienne n’est peut-être pas la seule. Quelque peu marginalisé après sa récente vague de Covid, ballottée par la résistance passive de Taïwan soutenue par les Etats-Unis, Pékin a certainement cherché aussi à se rappeler au bon souvenir de la communauté internationale en démontrant encore une fois aux Etats-Unis qu’elle était une puissance qui comptait, capable de se projeter en dehors de ses frontières et ce même si le ballon en question a été impitoyablement abattu par les Etats-Unis.


Pékin, d’Est en Ouest

La tension, née de cet incident, qui retombera d’ici quelques jours, au plus tard quelques semaines, démontre, si besoin était que les griefs qui opposent Pékin et Washington sont toujours aussi vivaces et ne semblent pas prêts de s’éteindre. Ils démontrent aussi surtout combien le point d’équilibre mondial n’est pas à rechercher entre Moscou et Washington mais bien entre Pékin et Washington.

Et à ce jeu diplomatique ce pourrait bien être la Russie de Vladimir Poutine qui risque de faire les frais de l’indispensable détente entre l’Empire du Milieu et la patrie de l’Oncle Sam, le premier des deux étant conscient de l’aspect impérieux de maintenir des relations à minima cordiales avec le second, quitte à sacrifier l’allié russe.


Du Pavé à la Table

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d’expérience, il est actuellement professeur d’histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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