L’Ukraine et Machiavel

Alors que le conflit le plus violent que l'Europe ait connu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale éternise l'opinion publique mondiale, préoccupée par d'autres thèmes d'ordre social ou économique, montre des signes de lassitude.

Entre taux d’abstention, hausse progressive des taux d’intérêt, possible cohabitation et canicule, l’Hexagone, et avec lui une grande partie de l’Occident, semble s’être quelque peu désintéressé du conflit qui oppose l’Ukraine à la Russie.


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Plusieurs raisons expliquent cette perte d’attention à commencer par l’enlisement d’une guerre que d’aucuns pensaient rapide, voire éclair, arguant à voix basse que l’opposition ukrainienne, certes valeureuse et courageuse, ne résisterait guère à la puissance russe.

Pourtant, si chaque jour qui passe est un rappel au conflit, ne serait-ce que par la part de cette guerre dans l’envolée des prix, il apparaît simplement qu’une forme de lassitude touche nombre d’entre nous au regard de cette crise aux effets pourtant essentiels dans l’équilibre diplomatique et géostratégique de l’Europe.

De là à penser qu’une actualité chasse l’autre, le pas est vite franchi mais s’avère vrai tant le conflit ne paraît plus être une priorité, supplanté par d’autres thèmes érigés en urgence. La proximité de la période estivale, les épreuves du baccalauréat ou les destinations choisies pour les vacances sont autant de thématique plus heureuses et moins anxiogènes pour nombre d’entrenous.


De vide et d’Opposition

Devoir Négocier

Le sort des Ukrainiens, qui nous avaient tant ému lors des premiers jours du conflit où se multipliaient analyses politiques et géopolitiques, manifestations de soutien, campagne de dons et autres gestes de solidarité, passe désormais au second, voire au troisième rang des préoccupations.

Preuve en est, les déclarations du Président de la République, Emmanuel Macron, qui annonçait le 15 juin que l’Ukraine devait se préparer à négocier avec la Russie de Vladimir Poutine. Cette dernière annoncée moribonde des dizaines de fois et son président avec, ont pourtant encore pied en Ukraine. Alors vers quelle partition ce dirige le pays de Volodymyr Zelensky ?

Passée l’émotion du conflit et celle liée aux dizaines de victimes militaires, ou innocentes, car civiles du conflit, l’Ukraine devra certainement accepter de céder les territoires sous influence russe depuis 2014 ainsi que le port de Marioupol et peut-être celui d’Odessa. Ces prises de guerre aussi symboliques que stratégiques pour Vladimir Poutine constitueront le coeur des négociations entre les deux belligérants.


La Potiche Européenne

Loin de France et d’une grande partie du monde, ces buts de guerre, aux yeux des Ukrainiens impossibles à abandonner, ne sont pour le reste de la planète que des confettis dans l’immensité des problèmes à venir.

Rivalités Mobilisées

« Lâcheté ! » crieront certains et à raison quand d’autres argueront du fait que l’Europe et le camp occidental ont déjà fait beaucoup pour une Ukraine dévastée. Face à un conflit finalement régional aux conséquences mondiales car prompt à mobiliser les anciennes ou actuelles rivalités entre les Etats-Unis, la Chine et la Russie, il apparaît aussi que cette guerre échappe dans ses motifs profonds à nombre d’entre nous.


Le Président et le Cambouis

Certes l’hégémonie russe, la volonté de créer un cordon sanitaire entre l’Occident et l’Europe orientale, l’expansion de l’OTAN sont autant de prétextes avancés par Vladimir Poutine pour justifier ce conflit, mais ces-derniers compris, sans pour autant être acceptés, renvoient à des rancoeurs, et à des haines cuites et recuites entre les deux peuples qui sont étrangères aux Occidentaux, pressés de leur côté de passer à autre chose, en tous cas ne plus avoir à se préoccuper d’un conflit de plus en plus lointain.

Légitime ou non, ce sentiment qui pousse à s’éloigner des maux des Ukrainiens renvoie à des instincts humains jugés comme parfois les plus vils : égoïsme et individualisme. Certes. Mais comme le rappelait Machiavel, non sans réalisme, “Les hommes ne savent être ni entièrement bon, ni entièrement mauvais.”

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d’expérience, il est actuellement professeur d’histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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