Entre Cynisme et Hypocrisie

Si la crise ukrainienne bouleverse l'équilibre géopolitique européen et tétanise un Occident sidéré, il renvoie aussi celui-ci à ses errances et ses approximations à l'égard de la Russie. Autant de failles que Vladimir Poutine a su exploiter avec cynisme.

Bien que ralentie par l'héroïsme des forces régulières et par celui de la résistance ukrainienne, l'avancée de l'armée russe apparaît au fil des heures comme des plus inquiétantes. Si l'aspect militaire est naturellement celui qui frappe le plus, la dimension humaine, avec le sort réservé aux populations civiles est aussi une source de préoccupations majeure.


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Pourtant, parallèlement à cette agression, qui défie les lois de l'entendement dans un contexte géopolitique marqué par la dissuasion nucléaire, émerge une autre réalité, d'essence politique, à même d'interroger les sociétés démocratiques contemporaines actuelles. L'invasion de l'Ukraine par la Russie renvoie ainsi les démocraties occidentales, Etats-Unis compris, à leurs errances, et par certains aspects, à leur vanité.

Longtemps convaincus que la démocratie était un bien politique précieux, voire sacrée, nombre de pays régis par ce système ont, volontairement ou involontairement, ignoré, ou traité parfois avec condescendance, les régimes autoritaires ou dictatoriaux, préférant souvent, de manière hypocrite, composer avec eux au prétexte d'intérêts économiques présentés comme supérieurs. L'exemple du gaz russe en est le parfait exemple.

Seul prix à payer ?

Confrontés à une réalité visant à nier l'existence d'une Ukraine démocratique, ces mêmes nations occidentales, à juste titre blessées et outrées au regard des principes qu'elles défendent, sont désormais dans l'obligation de mettre en œuvre tous les moyens disponibles pour protéger un pays agressé.


Les Mots du Lendemain

En appliquant tout un ensemble de mesures économiques sensé affaiblir la Russie, le bloc occidental espère donc faire plier Poutine dès lors poussé à retirer ses forces d'Ukraine car tiraillé par les conséquences financières et monétaires de son acte belliqueux. La question qui se pose alors est de savoir si ces mesures suffiront à infléchir sa position ? Ces mesures seront-elles le seul prix à payer ?

Il appartiendra à chacun de répondre à cette question mais une autre réalité, plus matérielle celle-ci, s'impose. La force militaire de la Russie de Vladimir Poutine qui commande la deuxième armée la plus puissante au monde impressionne et renvoie les armées du bloc occidental, hors Etats-Unis, à un constat simple : même associées, les différentes forces européennes ne pourraient rivaliser avec l'armée russe tant en hommes qu'en matériel. Et que dire de l'armada nucléaire qui surpasse en nombre celle des Européens de l'Ouest.

En 2018, la Russie possédait 2000 armées stratégiques déployées, quand la France et le Royaume-Uni, associées, en possédaient 450. Ainsi, l'avancée des forces russes dans l'Ukraine dévastée semble presque inéluctable sauf si dans un élan aux conséquences impossibles à imaginer, l'Europe et les Etats-Unis décidaient d'une réponse armée, peut-être seule option à même d'entraver la marche de Poutine. Si rien n'atteste que l'Ukraine sera son seul objectif, les nations européennes sont aujourd'hui averties : Lorsque Poutine veut, Moscou prend.


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Déflagration

Engager un conflit armé avec la Russie sur le sol ukrainien relèverait d'une déflagration politique, humaine et diplomatique telle que l'on en a pas vu depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais qui en Europe de l'Ouest, et plus largement en Occident, souhaite en arriver à cette extrémité ?

Si manifestations et élans de solidarité se multiplient en faveur de l'Ukraine, qui est aujourd'hui prêt à militairement s'engager, c'est-à-dire sur le sol ukrainien, aux côtés de la nation du président Zelinsky ? Mourir pour Kiev n'est pas manifester pour Kiev.


Echec et...échec à Moscou

In fine, le conflit ukrainien a mis en exergue toutes les contradictions de nos démocraties, toutes ses approximations et ses reniements face à un régime qui emprisonne ses opposants, qui assassine des journalistes et décapite des démocraties libres et souveraines. Vladimir Poutine, fin stratège, a su manipuler et se jouer, avec tout le cynisme qu'on lui connaît, de ces errements et de ces failles, de ces divisions et de ces contradictions, à même de pousser les Occidentaux dans l'inertie d'un questionnement sans fin : faut-il intervenir militairement en Ukraine ?

Et dans l'attente d'une réponse qui tarde à venir, l'Ukraine sombre chaque jour dans le chaos. Et nombre de d'Occidentaux de nourrir le secret espoir que la population russe, excédée par les conséquences économiques liées à l'invasion, se retourne et se révolte contre Vladimir Poutine.

 

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

 

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