La Crise du Président

Si la crise ukrainienne semble encore loin d'une résolution à même de satisfaire tous les acteurs engagés, celle-ci s'offre en qualité de promontoire presque bienvenu à Emmanuel Macron qui peut y voir nombre d'avantages tant sur le plan intérieur que sur le plan extérieur. Explications.

En décidant d'aller à la rencontre de Vladimir Poutine afin de tenter de désamorcer la crise ukrainienne, le président de la République Emmanuel Macron a tenté, consciemment ou inconsciemment, d'atteindre quatre objectifs qui allient politique intérieure et politique extérieure.


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La pari, risqué, au moins pour le volet de la politique extérieure, ne pourra être jugé gagné que dans quelques mois, si le chef de l'État russe commence à retirer ses troupes stationnées à la frontière ukrainienne. Pour autant, le premier objectif qu'a vraisemblablement tenté d'atteindre la présidente française est de s'imposer, en France comme à l'étranger, comme un chef d'État influent, soucieux de l'équilibre des forces en Europe et garant de la sécurité de celle-ci.

Dans une posture Mitterrando-Gaullienne, Emmanuel Macron a donc essayé de donner sens à son action internationale en se présentant comme un relais diplomatique majeur, presque unique, ce qui en période de campagne électorale présidentielle est toujours opportun.


Echec et...échec à Moscou

Allemagne et Union Européenne

Et de toucher ici le second objectif, à savoir celui de s'imposer au sein de l'Union européenne comme le chef de file de pays angoissés par la gesticulation guerrières de la Russie. En prenant à son compte les préoccupations continentales, damant ainsi le pion à l'Allemagne, puissant partenaire, souvent privilégié des Etats-Unis dans la résolution de crises diplomatiques en Europe, Emmanuel Macron s'est de fait octroyé le rôle longtemps dévolu à Angela Merkel, l'ex-chancelière allemande.

Celle-ci partie, le président français a désormais le champ libre pour endosser le rôle informel de premier chef d'État européen tant dans le processus de construction européenne à venir que dans la résolution de la crise en cours. Troisième objectif, et non des moindre, donner par son action sa place à l'Union européenne dans la résolution du conflit potentiel.

Longtemps dénigrée pour son immobilisme, sa faiblesse et son incapacité globale à faire face à des crises locales ou internationales sans l'aide des Etats-Unis, l'Europe politique trouve ici, et le président français avec elle, l'opportunité de s'imposer comme le premier acteur de la sécurité du continent, à raison dans la mesure où la crise actuelle se joue sur le continent européen.


Pour une Promesse

Partenaire et Cristallisation

Dernier élément, la possibilité pour Emmanuel Macron, sous couvert d'action guidée par la sécurité de continent, de devancer, voire remplacer, les Etats-Unis, en qualité de partenaire de négociations. La Russie, qui avait donné le sentiment de ne vouloir traiter qu'avec Washington, a trouvé dans Emmanuel Macron un diplomate auquel elle ne s'attendait pas, tout comme les Etats-Unis.

Par là même, le président français, qui n'a pas oublié le contart des sous-marins australiens raflé par les Etats-Unis via le traité Aukus alliant le Royaume-Uni, l'Australie et les Etats-Unis pour le contrôle de l'Asie-Pacifique (pourtant si loin du Donbass), cherche ainsi par la crise ukrainienne à aussi faire valoir la voix de la France en présentant cette dernière comme un acteur clef des relations internationales.


Quand Moscou Fait Monter la Pression

Loin de se résoudre dans les jours qui viennent, la crise ukrainienne semble pourtant rebattre les cartes de la géopolitique mondiale en cristallisant la Russie comme source d'interrogations au regard de ses intentions futures, en donnant à l'Union européenne un potentiel embryon d'existence diplomatique et en renvoyant les Etats-Unis comme acteur de circonstance car inclus dans le traité de l'OTAN via lequel ces derniers peuvent encore se prévaloir d'une certaine influence sur la Russie.

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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