La Tunisie, Espoirs Déçus

Pays spolié des espoirs nés du Printemps arabe de 2011, la Tunisie suscite l'intérêt des capitales européennes à plus d'un titre. Car déstabilisée, un des remparts contre l'islamisme radical se briserait. Explications.

Premier pays à avoir été agité en 2011 par le Printemps arabe, poussant par la même le président Ben Ali hors des frontière et du pouvoir, la Tunisie a depuis traversé bien des épreuves qui n'ont certes pas mis à mal sa démocratie mais qui ont érigé au rang de principes de fonctionnement inertie, immobilisme et corruption et ce au plus grand désespoir des Tunisiens.


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Autant d'éléments qui la rendent aujourd'hui extrêmement fragile en dépit de son assise démocratique ponctuée d'élections régulières signe d'une vitalité que nombre de pays du Maghreb lui envient.

A la croisée des chemins et de son histoire, coincée entre une Libye exsangue en proie à la guerre civile et une Algérie agitée elle aussi de soubresauts démocratiques dont personne ne sait réellement sur quoi ils aboutiront, la Tunisie est aujourd'hui au cœur de toutes les analyses géostratégiques visant à éclairer le présent et l'avenir de la région.

Partenaires et Remparts

Car d'Europe et de Paris en particulier, l'avenir de la Tunisie ne laisse en rien indifférent tout comme celui de l'Algérie d'ailleurs. Ces deux pays, respectivement ancien protectorat et anciens départements français, sont ainsi devenus, outre des partenaires économiques actifs mais aussi des remparts contre les forces islamistes qui hantent l'Afrique sahelo-saharienne.


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Et il apparaît évident qu'une Tunisie déstabilisée ou fragmentée n'arrangerait en rien les affaires de Paris et de l'Union européenne. Hormis cet aspect, la déstabilisation d'un pays à l'aura lourde telle que la Tunisie dans la région, au regard de son histoire récente qui s'oppose au drame syrien ou au monolithisme marocain, le délitement de son activité et de son tissu économique pousseraient, le désespoir aidant, de nouveaux migrants à prendre des risques insensés pour traverser la Méditerranée pour légitimement chercher une terre d'asile en Europe.

Or, la question migratoire qui agite encore l'Union européenne, en dépit de l'assouplissement récent des positions italiennes, est encore un point d'achoppement entre les différents pays de l'Union européenne.


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L'émergence de la Tunisie comme puissance régionale, stable et économiquement viable est naturellement encouragée par Paris et l'Union européenne conscients l'un et l'autre que puissance et stabilité ne seront acquis que si un gouvernement modéré, fut-il islamisant, parvenait à diriger la Tunisie.

Méfiance et Jeunesse

Les ressources de la Tunisie permettraient à ce jour cette émergence mais, comme indiqué précédemment, inertie, immobilisme et corruption ont sapé toutes les velléités tunisiennes renforçant la méfiance à l'endroit de la classe politique d'une population fatiguée et épuisée des atermoiements de gouvernements successifs visiblement incapables de transformer les espoirs de la Révolution.

Rares sont les peuples à vouloir être spoliés de ce qui leur revient de droit et le Printemps arabe de 2011 qui n'a que partiellement trouvé son épilogue est encore dans tous les esprits des Tunisiens. La succession d'élections, aussi régulières soient-elles, ne suffiront pas à rassasier les aspirations démocratiques d'une peuple qui a compris que se rendre aux urnes ne témoignait pas d'un processus démocratique complet.


L'impossible Equation

Autre point clef : la jeunesse tunisienne. Actrice de premier plan en 2011, désormais désabusée, son désarroi et son dégoût sont tels qu'elle apparaît aujourd'hui comme une vaste interrogation dans un pays où le chômage s'élève à 15% de la population et où la croissance économique au premier semestre n'a été que 1,1%...Statistiques insuffisantes pour une nation qui au lendemain de la Révolution aspirait à devenir autre chose que le Petit Poucet du Maghreb.

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d’expérience, il est actuellement professeur d’histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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